Tamara Suffren, figure bien connue de la musique haïtienne, a décidé de quitter Haïti pour s’installer à Montréal, en raison d’une période de dépression. Ce changement, tant personnel que professionnel, survient à un moment charnière de sa carrière, alors qu’elle poursuivait déjà son parcours artistique à l’international, malgré sa résidence en Haïti.
« Je n’ai jamais souhaité quitter mon pays. Suite à une dépression en Haïti, je me suis dit que je devrais aller me battre pour ma vie », confie la chanteuse lors d’une interview avec Carel Pedre durant son passage au Canada en mai 2024.
La chanteuse se remémore une nuit particulièrement éprouvante, qui a précipité sa décision : « J’étais supposée aller performer en France dans environ cinq jours. C’était à 3 h du matin, j’ai beaucoup pleuré, je ne pouvais pas respirer. C’était comme si j’avais quelque chose à la gorge, impossible de le rejeter. Et c’est là que j’ai dit que je vais quitter le pays. »
Si cette décision a été difficile à prendre, elle s’imposait, selon Tamara, pour préserver sa santé mentale. Une fois arrivée au Canada, elle a dû adapter son approche pour maintenir sa carrière artistique. « Par rapport à mes deux premiers albums, j’ai voyagé à travers le monde. Mais, arrivée au Canada, entreprendre les mêmes routines m’a demandé beaucoup de calculs », explique-t-elle.
Tamara trouve du réconfort auprès de sa famille, également installée à Montréal. « J’ai de la famille avec moi, et ça signifie beaucoup. Elle n’est pas nombreuse, mais quand on se voit et qu’on passe du temps ensemble, ça me fait beaucoup de bien. La vie est un combat, je continue à prendre des coups », confie-t-elle.
Malgré les défis, la chanteuse reste active sur la scène musicale. « Ma carrière n’est pas en pause. Je n’ai tout simplement encore rien sorti. J’essaie de m’établir tout en continuant à faire mon chemin. Je prends des contrats, je vais performer et tout, mais il y a certains points personnels que je dois aussi gérer. Je suis toujours dans le stade de m’établir dans la ville », précise-t-elle.
Tamara Suffren prévoit de revenir avec un troisième album, qu’elle annonce teinté d’influences africaines tout en restant enraciné dans la culture haïtienne. « Je veux explorer de nouveaux horizons tout en gardant l’essence de mes origines », explique-t-elle.
Dans cet élan, l’artiste évoque avec émotion ses collaborations passées avec des figures de la musique haïtienne comme BIC et Jean Jean Roosevelt. Aujourd’hui, tout en reconstruisant sa vie dans un environnement différent, elle prépare son retour sur la scène musicale avec de nouvelles inspirations et une détermination renouvelée.
Rappelons qu’en octobre dernier, la chanteuse a été mise à l’honneur lors de la 23e édition du Mois Créole à Montréal, où elle a reçu le prestigieux prix « Persévérance artistique ». Cet événement, dédié à la célébration de la culture et de la langue créoles, a permis de rappeler et de souligner le parcours exceptionnel de Tamara, dont l’œuvre continue de marquer de manière durable la scène musicale haïtienne et internationale.
En parallèle, Tamara multiplie ses prestations à Montréal, comme l’a constaté la rédaction de Chokarella à travers ses publications sur Instagram et d’autres réseaux sociaux. Elle semble être de plus en plus présente sur scène, séduisant son public avec des performances vibrantes qui témoignent de son engagement artistique et de sa volonté de faire rayonner la musique haïtienne au-delà des frontières.
Voici l’intégralité de l’interview de Carel Pedre avec Tamara Suffren publiée en mai 2024 sur la chaîne YouTube de Chokarella :
Par Gerole Midy © Chokarella